Retour en images sur le stage vacances du mois d’août avec le reportage de NC la 1ère présenté par Dave Waheo-Hnasson.

Track NC est un nouveau club d’athlétisme qui a vu le jour en Nouvelle Calédonie. Hugues Davy, le directeur de l’UNSS a lancé ce nouveau club en début d’année, mais il n’est effectif que depuis le mois de juin, coronavirus oblige.

Le club propose de la course à pieds sur piste ou sur route, mais aussi les sauts et les lancers ou encore du trail et de la marche nordique. Un club qui se veut convivial pour progresser avec des entraineurs de haut-niveau. Florian Geffrouais, 3 fois champions de France de décathlon, Patrick Vernay, 9 titres en Ironman ou encore Erwan Cassier, multi-médaillé aux jeux du Pacifique font partie de cette équipe encadrante.

Pour faire la promotion du club, Track NC organisait toute la semaine sur le stade Numa Daly un stage pour les jeunes de 5 à 15 ans. Pour ceux qui souhaitent intégrer Track NC rendez-vous sur la page Facebook du club ou au Stade Numa Daly à partir de 17h.

Depuis plus d’un mois, un nouveau club d’athlétisme développé par des professionnels passionnés est en exercice. Objectif : former et suivre des Calédoniens, qui pourraient à terme représenter le territoire, en dehors de nos frontières.

C’est une découverte qui se fait avec de l’entrain et du sourire… Depuis un peu plus d’un mois, Track NC est en piste. Un club d’athlétisme multidisciplinaire, qui enseigne la course, le saut en longueur, les lancés et le saut en hauteur. Le tout sous le regard bienveillant d’Hugues Davy, président de club et responsable de l’UNSS sur le territoire.

Il faut arriver à se faire plaisir et finalement le premier ingrédient du plaisir, c’est le progrès. Si on arrive à faire progresser les jeunes, je pense qu’ils continueront plus longtemps – Hugues Davy, président de club et responsable de l’UNSS

©Laurent Corsi / NC1ère

Préparation physique

Pour durer, Track NC propose aussi une nouvelle méthode : une préparation physique qu’a connue l’ex-champion de France de décathlon Florian Geoffray.

S’il y a une blessure ou un problème, souvent, c’est que l’entraînement est tout simplement pas adapté aux ressources de l’athlète. L’idée, c’est d’avoir un maximum de cartes en main, pour comprendre physiquement, techniquement les postures de l’athlète et des déséquilibres qui peuvent être entraînés à long terme – Florian Geoffray

©Laurent Corsi / NC1ère

Représenter le territoire à l’étranger

Patrick Vernay, ancien 6e mondial d’Iron Man, est à l’écoute. Le sportif renommé sur le Caillou a été séduit par le projet et a rejoint les rangs du club.

En Nouvelle-Calédonie en athlétisme, il y avait un petit creux. On voit des jeunes qui commencent et puis qui arrêtent rapidement et donc ce qu’on avait envie de faire avec l’équipe, c’était de faire des choses un peu plus sérieuses pour essayer d’avoir des jeunes qui montent. Et qui pourquoi pas, puissent représenter le territoire en dehors de nos frontières – Patrick Vernay, ancien 6e mondial d’Iron Man

©Laurent Corsi / NC1ère

Le club compte déjà vingt licenciés, l’objectif est d’en atteindre cent-cinquante, d’ici à la fin de l’année prochaine.



Le reportage de Martin Charmasson et Laurent Corsi :

 

Erwan Cassier (casquette noire), spécialiste des lancers, fait partie des nouveaux entraîneurs du club, dirigé par Hugues Davy (à droite). Photo W.d.L

ATHLÉTISME. Un club se lance à Nouméa. Multidisciplines, il compte parmi ses entraîneurs plusieurs sportifs de haut niveau, se structure petit à petit et espère prendre son envol rapidement.

« Ça monte bien, ce soir il y a un potentiel de licenciés en plus », lance Hugues Davy, au bord de la piste du stade Numa-Daly. Lundi soir, une petite trentaine d’enfants, dont certains découvrent l’athlétisme depuis quelques minutes à peine, s’amusent à lancer des javelots en mousse. D’autres, plus jeunes, enchaînent les courses entre des cerceaux, des plots et autres petites haies, sous le regard attentif d’Erwan Cassier, médaillé d’or aux derniers Jeux du Pacifique, au lancer de marteau. Ce dernier fait partie du groupe d’athlètes et d’entraîneurs à l’initiative de Track’NC, nouveau venu dans le paysage calédonien. Qui compte notamment le décathlonien Florian Geffrouais, le triathlète Patrick Vernay (8 titres de champion de France à eux deux), le triple sauteur Ulric Buama (médaillé de bronze aux Jeux du Pacifique) ou les traileurs Jessica Ries et Julien Le Grignon (2e du 100 km au trail des Cagous).

« Proposer un athlétisme total »

« Ce sont des amis, compétents et diplômés, qui savent ce qu’est le haut niveau », souligne le président du nouveau club, Hugues Davy, professeur d’EPS et déjà président de la partie calédonienne de l’UNSS (Union nationale du sport scolaire). « Nous sommes tous dans l’athlétisme depuis longtemps, à la Ligue ou sur le terrain. On avait l’intention de remonter un club pour proposer un athlétisme total avec une palette complète, à partir de l’école d’athlé, en passant par la piste, l’athlé santé, le running, la préparation physique ou la marche nordique », explique-t-il.

Le dirigeant prône « le côté associatif du club », avec pour « marque de fabrique » une devise : « s’entraîner sérieusement sans se prendre au sérieux ». L’objectif ? Obtenir des résultats sans passer par un entraînement écœurant. « On ne veut pas de préparation austère tous les jours, nous voulons faire progresser et faire plaisir », ambitionne Hugues Davy, qui annonce également son intention de faire venir « des compétences de l’extérieur ».

Une structure ambitieuse

Pour le moment, le projet n’en est qu’à ses premiers souffles. Il devait initialement se lancer en septembre, Florian Geffrouais ayant prévu de tenter sa chance pour les Jeux olympiques de Tokyo, qui étaient prévus ce mois-ci. Mais le report de ceux-ci a finalement laissé le champ libre au décathlonien, qui a pu s’investir plus rapidement que prévu dans le nouveau club. Avec « une vingtaine de licenciés » depuis le lancement le mois dernier, les chiffres ne sont pas forcément impressionnants. « Plus que des licenciés, je veux des athlètes. Nous souhaitons être un bon club, pas un gros club », répond Hugues Davy. Avant de rappeler que « les licences redémarrent en septembre, donc pour le moment on fait de la promotion ».

« On est encore dans la phase de lancement, il faut proposer des choses et ça va venir petit à petit. On a beaucoup d’ambition, avec l’envie d’avoir des projets réalistes et des résultats pour tous nos athlètes, quelles que soient leurs capacités. On va essayer de se donner les moyens », espère-t-il, alors qu’un stage vacances, du 17 au 21 août, devrait donner un coup de boost au club.

A terme, Track’NC souhaite également organiser des compétitions, avec déjà une idée originale. « Faire un événement typique du club, inédit, avec plusieurs épreuves différentes dans le stade, une sorte d’animation comme la GI Joe Race ».

Dans un contexte où l’athlétisme est à la peine sur le Caillou, la Ligue voit, elle, d’un bon œil l’arrivée d’un tel club. « C’est toujours bienvenu et satisfaisant, ça permet d’avoir un peu plus de licenciés. Ils ont des objectifs, c’est bien. C’est ce qu’on souhaite voir », salue le président de la Ligue, Paul Poaniewa.

Erwan Cassier : « Une nouvelle dynamique »

Spécialiste des lancers, plusieurs fois médaillé aux championnats de France jeunes et aux Jeux du Pacifique, Erwan Cassier a rejoint le club en qualité d’entraîneur, lui qui est diplômé d’un Brevet d’Etat d’éducateur sportif. « Le projet s’est monté avec plusieurs copains, pour tenter de créer une nouvelle dynamique au sein de la Ligue. On est une bonne team, j’avais envie de m’impliquer avec eux », explique celui qui était licencié depuis deux ans au club de Châlons-en-Champagne, en Métropole. Au Track’NC, il entraînera à l’école d’athlétisme, mais également les lanceurs. « En revanche, n’essayez pas de me voir à la perche ou sur un 400 mètres haies, ça va être un désastre », plaisante le grand gaillard. Gérer les plus petits, « ça n’est pas évident mais c’est une belle expérience de leur faire découvrir ce sport. S’ils continuent là-dedans, ça serait une satisfaction personnelle. »

légende photo:

 

Waldemar de Laage / waldemar.delaage@lnc.nc | Crée le 06.08.2020 à 04h25 | Mis à jour le 06.08.2020 à 09h07

ENTRETIEN AVEC Patrick Vernay, Calédonien, ancien triathlète professionnel, vainqueur de 9 Ironmans
Absent des courses depuis les Jeux du Pacifique il y a onze mois aux Samoa, où il avait décroché la médaille de bronze, « l’homme de fer » a soigné une blessure à un genou. Il devrait faire son retour sur les prochains triathlons et s’investit dans un nouveau club d’athlétisme.

Patrick Vernay, 46 ans, est professeur d’éducation physique et sportive (EPS). Photo archives LNC

Les Nouvelles calédoniennes : On ne vous a pas beaucoup vu sur les courses ces derniers temps, où en êtes-vous ?

Je n’ai plus couru depuis les Jeux du Pacifique, qui étaient assez ratés. J’étais tout de même content d’avoir décroché la médaille de bronze, mais j’aurai pu mieux faire car ce n’était pas le très haut niveau. Après, j’ai baissé un peu la cadence, car j’avais une blessure régulière à un mollet. Je préparais tout de même le semi-marathon de Nouméa, mais j’ai ressenti une douleur à un genou. Je ne savais pas ce que c’était, j’ai galéré plusieurs mois avec ça, et en faisant une IRM on a constaté qu’un kyste s’était formé sous mon genou et que j’avais une lésion à un ménisque. Je me suis donc fait opérer le 5 mars et on m’a enlevé une petite languette de ménisque. Le kyste est toujours là, c’est long, mais j’arrive à courir.

Globalement, vous avez la forme, non ?

Je suis loin de mon niveau en course à pied, mais en natation et à vélo ça va bien. J’avais même en tête de préparer le triathlon de Nouméa, mais je ne sais finalement pas s’il pourra avoir lieu. En tout cas, j’ai pu trouver un vélo de chrono, ce que je n’utilisais plus depuis mon arrêt en 2011. Ce qui m’a permis de voir une belle différence et je pense encore pouvoir passer sous l’heure sur 40 kilomètres et faire moins de 1 h 55 sur un triathlon au format olympique (750 m de nage, 40 km à vélo et 10 km à pied). Désormais, il faut que les épreuves reprennent. Je vais sans doute commencer par l’aquathlon de Nouré, début juillet (le 4). Ce sera un bon test pour mon genou car avec 750 mètres de nage et 5 kilomètres de course, ça n’est pas très long. Et ensuite, j’enchaînerai.

On ne vous verra donc pas le 20 juin sur le Chronodore ?

Je trouve dommage que la formule ait changé. Maintenant, il faut obligatoirement une fille dans chaque équipe, et elles sont peu à faire du triathlon ici… Ça aurait été sympa de venir et c’est une bonne épreuve, mais avec ce nouveau format, tout dépendra de la fille. Et le classement est déjà joué d’avance, puisque c’est l’équipe de Charlotte Robin qui va gagner. Chez les filles, aucune n’est capable de tenir les roues aussi bien qu’elle.

Comment vous entraînez-vous ?

En ce moment, je suis en vacances donc j’en profite. Mes enfants ont grandi aussi… De toute façon, j’ai besoin d’avoir mon sport, c’est une drogue. Si je ne fais pas douze heures par semaine, je me sens mal dans ma peau, d’autant plus que je suis un gros mangeur ! Actuellement, je dois être à quinze heures par semaine, avec 400 kilomètres de vélo, ce qui est déjà énorme. Je vais avoir 47 ans cette année, et la trentaine d’Ironmans que j’ai pu faire a laissé des traces. Mais je garde l’espoir de figurer dans le haut des classements. J’ai cette petite satisfaction de ne jamais avoir été battu sur les triathlons calédoniens.

Pas une fois ?

Avant qu’il n’arrête, Audric Lucini aurait pu, en 2012, 2013 ou 2014, mais j’avais coupé. Et Mathieu Szalamacha, une fois sur le triathlon de Nouméa il avait fait une super course, mais je l’ai battu sur la ligne, d’un rien. J’ai donc encore ce petit challenge de rester devant, encore.

Au-delà du triathlon, avez-vous d’autres objectifs ?

J’aimerais bien refaire des raids, si le genou le permet. Le médecin m’a dit que je vais pouvoir recourir comme avant, donc ça devrait être bon. Il y a le XTerra, où j’ai fait 4e l’an passé derrière des costauds, le XDeva aussi (un cross-triathlon). Et cela pourrait être intéressant de faire l’épreuve d’une semaine qui remplacera le Tour cycliste de Calédonie, avec des locaux. J’ai bien repris le vélo, je suis assez costaud donc, si on me demande, ça peut être sympa.

Peut-on vous revoir un jour sur une longue distance ?

Si celui de Poé, que Benoit Beukels a organisé l’an dernier, avait été reconduit, je l’aurai fait. C’est ma distance, je l’aime bien. En revanche, à l’international je ne sais pas. Cela demande de l’investissement, j’ai des enfants… Et ma femme ne concéderait pas que je m’entraîne 40 heures par semaine, donc je ne pourrais pas être à 100 %. Si c’est envisageable, ce serait plutôt à la retraite pour tenter d’aller gagner dans ma catégorie d’âge.

Suivez toujours le développement de votre discipline ?

Je regarde les temps qui sont réalisés aujourd’hui sur les Ironmans. Je ne suis pas impressionné par les chronos en course à pied ou en natation, mais à vélo, oui… Je prendrais « un tir » si j’y étais ! J’ai donc étudié la chose, car je me posais des questions sur le dopage, mais j’ai découvert quelque chose de très sympa. Un Français n’est pas mauvais en Ironman, Antony Costes, et il est à fond sur la biomécanique : il fait des essais en soufflerie, il bosse sur son matos… Il a notamment changé son dérailleur pour réduire le frottement de la chaîne. Ce qui lui permet de gagner en puissance. Sur 180 kilomètres, cela représente une amélioration d’un quart d’heure. Donc je constate que, si les triathlètes ne sont pas forcément beaucoup plus forts, le matériel a beaucoup évolué. C’est passionnant.

Vous êtes déjà professeur d’EPS. Devenir entraîneur pourrait vous intéresser ?

En Calédonie, c’est s’entraîner à vélo qui est difficile. Quand on est sur la route on se fait pousser, raser par les voitures et crier dessus, et lorsqu’on est sur la piste cyclable, on croise des piétons, des chiens sans laisse, des gens qui roulent au milieu… Il y a un vrai manque de civisme, le casque n’est pas obligatoire et c’est dommage car elle est plutôt bien faite cette piste ! Mais pour répondre à la question, mettre des enfants au triathlon, ça fait un peu peur. Car pour s’entraîner, il faut pouvoir aller rouler un minimum. En revanche, avec des copains, nous venons de monter un nouveau club d’athlétisme, Track’nc, qui vient de sortir.

Quel est ce projet ?

L’athlétisme chute énormément. Il n’y a presque plus de courses hors stade et il y a de moins en moins de monde. Avec Hugues Davy, le président de l’UNSS, mais aussi le décathlonien Florian Geffrouais ou le lanceur Erwan Cassier, on va proposer de tout : pour les jeunes, les seniors, le sport santé… Avec de la course en stade, hors stade, du trail, de la marche nordique… On veut y aller progressivement, ne pas griller les gamins, donner des conseils, faire quelque chose de convivial, apporter nos compétences… On y croit, le truc est construit. Ça faisait longtemps que je voulais m’investir, car la vie de sportif de haut niveau est un peu égoïste : tu passes tout ton temps à t’entraîner. Je n’ai jamais eu l’occasion de donner beaucoup de mon temps. C’est vrai que j’aurais pu faire quelque chose avec le triathlon, qui reste mon sport, mais je ne suis pas persuadé qu’il ait des débouchés sur le territoire. Les jeunes viennent de moins en moins, ça demande du temps et ils arrêtent au lycée…

La relève n’est donc pas près d’arriver ?

Il ne m’a pas encore battu mais je pense que Julien Lopez, qui était aux Jeux du Pacifique, devrait devenir le meilleur du territoire d’ici quelque temps. Il y a aussi Mathieu Szalamacha, mais il est un peu en dedans depuis quelques années. Et le petit Hugo Roche, lui, il est bon. Je ne sais pas où il en est. Son point faible reste le vélo, ça demande du temps et pour faire des bornes ce n’est pas évident. Mais ça pourrait être un bon futur atout pour les Jeux du Pacifique.

A propos des Jeux, est-ce envisageable de vous voir en 2023 aux Salomon ?

C’est une excellente ambiance, qui permet de découvrir un peu de paysages. Mes premiers Jeux étaient en 1995 à Tahiti, donc si je fais des Jeux en 2023, ça fera près de trente ans d’écart… Après, pourquoi pas, mais si des jeunes ont le niveau, place aux jeunes ! J’y suis allé la dernière fois car il n’y avait personne. Mais si un jeune peut avoir cette opportunité de sortir du territoire et de se confronter un petit peu, je laisse ma place. Cette compétition permet de mettre un pied à l’étrier, de forger le caractère compétitif du gamin.

Combien de temps allez-vous continuer ?

Autant que la forme sera là. Et comme je suis dans l’enseignement, j’aime bien l’idée de servir d’exemple aux jeunes, de donner une bonne image du professeur d’EPS et de montrer que le sport conserve, que c’est bon pour la santé.

Propos recueillis parWaldemar de Laage | Crée le 13.06.2020 à 04h25 | Mis à jour le 13.06.2020 à 04h25